samedi 12 avril 2008

Article de "La Libre Belgique" (7 janvier 2008)

Le manager flamand Tony Mary, l'ex-patron de la VRT, a une ambition politique. Non, il ne veut pas créer un énième parti politique en Flandre, mais bien une structure efficace qui devrait transformer la force d'une majorité silencieuse en faveur d'une Belgique fédérale, efficace et solidaire en un pouvoir réel. Cette force existe, y compris en Flandre, mais, selon Mary, elle ne représente pas un poids médiatique et politique. Veut-il se profiler comme un patriote belgicain? "Je sais très bien qu'on essaiera de me coller cette étiquette, mais je ne suis pas un partisan de la Belgique de papa", répond-il, "Je veux mener une action pour une Belgique solidaire, mais en même temps efficace. Je trouve, par exemple, que la Wallonie doit justifier de façon claire et transparente ce qu'elle fait de chaque euro qui lui est accordé dans le cadre de la solidarité fédérale", ajoute-t-il.

C'est l'homme d'affaires qui parle. Mary n'est pas un homme politique, il est avant tout un manager qui a fait ses preuves à la tête de grandes entreprises comme IBM et KPMG. Il siège toujours dans différents conseils d'administration. C'est dans ces cercles qu'il est en train de trouver le soutien financier pour son nouveau projet et c'est cette expérience de manager qu'il veut mettre au service d'une ambition partagée par une majorité de la population. Il veut, avant tout, réagir contre ce qu'il appelle la malhonnêteté intellectuelle du groupe de la Warande qui, selon lui, a écrit son manifeste en omettant les données et les chiffres défavorables à la conclusion qu'il avait énoncée d'avance.

Le problème est, selon Mary, qu'il n'existe pas de structure efficace pour réfuter les fausses allégations répandues sous le couvert du groupe de la Warande. L'idée d'une Belgique fédérale, solidaire et efficace, est une idée forte, mais elle n'est ni bien gérée, ni communiquée efficacement. Mary a d'ailleurs suspendu son affiliation au club de la Warande tant que l'organisation ne prendra pas ses distances par rapport à ce manifeste. On a laissé longtemps le champ libre à ceux qui véhiculent des falsifications de la vérité, dit-il : "On lit très rarement dans la presse flamande que la région la plus riche du pays, c'est le Brabant wallon. On n'entend jamais que c'est l'UCL qui dépose le plus de brevets ou que le gros des emplois à valeur ajoutée est actuellement créé sur l'axe Bruxelles-Wavre-Namur-Arlon".

Voulant clairement contrer ce climat, l'ex-patron de la VRT est en train de rassembler des sponsors pour financer une organisation avec un secrétariat permanent, qui rassemblera les données et formulera des réponses fondées et diffusées de façon pertinente sur les préjugés qui, selon Tony Mary, sont à la base de l'idéologie séparatiste. Il veut, par exemple, réfuter la théorie selon laquelle l'arrêt des transferts financiers du Nord vers le Sud, par la création d'une Flandre autonome, pourrait mener à plus de prospérité en Flandre. Selon Tony Mary, c'est du charlatanisme. Le groupe de la Warande affirme qu'une Flandre autonome serait membre à part entière de l'Union européenne. Or, au sein de l'UE, il existe aussi des mécanismes de solidarité entre les régions. Et - puisqu'une Flandre autonome serait dans le top 5 des membres les plus riches de l'UE - les transferts financiers exigés par l'Europe seraient supérieurs à ceux du Nord vers le Sud de notre pays : "Au lieu de faire un cadeau annuel de la valeur d'une Smart par tête d'habitant en Wallonie, une Flandre autonome devra faire cadeau d'une Golf. Seulement, l'argent ne serait pas destiné à ceux avec lesquels nous avons des liens économiques lucratifs, mais aux habitants des régions pauvres de la Roumanie ou de la Bulgarie. Expliquez-moi en quoi cela pourrait servir la prospérité flamande?", demande Mary.
Article de Jan De Troyer dans "La Libre Belgique" (7 janvier 2008)

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