mardi 3 mars 2009

"Sur les pas des écrivains de la mer du Nord" (Yvan Dusausoit)

La série "Sur les pas des écrivains" est intéressante et agréable à lire : elle nous raconte où des auteurs sont nés ou ont séjourné, et elle nous explique, à l'aide d'extraits de livres, comment une région (ici la côte belge) les a inspirés. En voici quelques exemples!

Une villa de Knokke-le-Zoute sert de décor au roman "Le Vent du Nord" de Jean-Baptiste Baronian (1942). Quelques jours avant le déclenchement de la première guerre mondiale en 1914, Emile Verhaeren (1855-1916) retrouve au Coq l'écrivain autrichien Stefan Zweig. Le Coq a été aussi, à de nombreuses reprises, le lieu de villégiature de Charles Bertin (1919-2002), membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Plusieurs romans de Stanislas-André Steeman (1908-1970) se déroulent à Knokke et Duinbergen. La maman de Marie Gevers (1883-1975) possédait une maison sur la digue de Wenduine.

Avec son ami Georges Rodenbach, Emile Verhaeren lance le journal "La Plage de Blankenberghe" (12 pages) qui paraît tous les deux ou trois jours durant les étés 1882 et 1883 pour distraire les estivants. Il contient des nouvelles, des poèmes et des reportages. Sur la digue de Blankenberghe, le monument dédié à Henrik Conscience (1812-1883) représente un pêcheur penché sur un livre de pierre.

Ostende, la reine des plages, a fasciné et inspiré des peintres comme James Ensor, Constant Permeke ou Léon Spilliaert, mais aussi beaucoup d'écrivains : "Fantômes d'Ostende" de Michel de Ghelderode (1898-1962), "Le Clan des Ostendais" de Georges Simenon (1903-1989), "Vacances ostendaises" d'Eric De Kuyper (1942), "La plage d'Ostende" de Jacqueline Harpman (1929), etc.

Le poète Willem Elschot (1882-1960) préfère, lui, Ostduinkerke : "Pour qui supporte la solitude, Ostduinkerke me semble un endroit idéal pour réfléchir et écrire". C'est là que Félix Timmermans (1886-1947) réunit des acteurs de la vie littéraire flamande à la terrasse ou dans les salons d'un hôtel. A quelques kilomètres de là, le cimetière militaire anglais de Coxyde sert de décor au roman "Derrière la colline" de Xavier Hanotte (1960). Dans "Le bourgmestre de Furnes", Georges Simenon (1903-1989) met en parallèle l'insouciance des stations balnéaires de la côte et la vie de la vieille cité de Furnes.

Gaston Compère (1924-2008) vient écrire dans la maison de pêcheurs de son beau-frère à Saint-Idesbald : "A deux pas, le musée Delvaux et ses femmes qui, à leur manière, parlent des polders, non par leur forme sans doute, mais par leur âme de silence, et, en quelque sorte, d'absence. Comprends-moi, je veux dire que ces femmes peintes ne cessent de renvoyer à un autre monde. Un monde qui, bien sûr, est en toi, en moi, mais qui demande un signe pour naître, et le demande sous peine de ne pas être".

Enfin, dans ce livre paru en 2000, on pourrait ajouter le roman "Coxyde" du jeune auteur belge Rémi Bertrand (1982), sorti en 2006, qui raconte l'histoire d'un couple de retour à Coxyde et évoque l'Horloge, les cuistax de Marcel, les gaufres, le tram de la Route Royale, le Monument des Zouaves...

4 commentaires:

Youri a dit…

Un article de "La Meuse" de ce jour pointe du doigt la campagne du Vlaams Belang au littoral "Vlaams geld in Vlaamse handen". Et la diminution du nombre de francophones sur les digues.
Mes parents y avaient un appartement: j'y suis donc allé des dizaines de fois à cette vlaamse kust.
Mais depuis près de 20 ans, j'ai choisi la côte d'Opale les Caps Gris-Nez et Blanc-Nez, voire la Baie de Somme voire même la côte des Pays-Bas.
Beaucoup plus sauvage, appréciée par les amoureux de la nature; pas d'odeurs de gaufre, pas de bétonage hideux et on ne vous regarde pas de travers quand vous parlez français.


http://www.lameuse.be/actualite/liste/2009-03-03/wallons-bienvenus-mer-687493.shtml

Un petit Belge a dit…

Réponse à Youri : tout cela dépend des goûts. Si vous êtes un amoureux de la nature, il est certain que la Côte d'Opale et la Baie de Somme vous permet beaucoup plus de balades en toute tranquilité. Par contre, si vous avez des enfants et adolescents, la côte belge offre beaucoup plus de divertissements et de possibilités pour les occuper. Même chose pour les fans de shopping. Concernant la diminution des francophones à la côte, je ne pense pas que cela soit lié aux querelles communautaires mais tout simplement une question de coût. Une semaine dans un pays ensoleillé coûte moins cher qu'une semaine à la côte belge ou en Baie de Somme, et les gens prennent beaucoup plus facilement l'avion qu'autrefois.

Mais tout cela nous éloigne de l'inspiration de nos écrivains...

Edmée De Xhavée a dit…

C'est vrai qu'elle a changé, notre mer du nord, mais quand j'y viens, c'est une sorte de promenade chez nous...

C'est joli d'aller au Zwyn, et puis même l'architecture des jolies villas de vacances est charmante, non? D'accord, la nature s'en est un peu allée, mais ah, ces plages qui changent de taille avec la marée... et les crèpes avec une jatte de café derrière les vitres coupe-vent... c'est tout un parfum! Ce ne sont peut-être pas les plus jolies plages du monde, mais elles sont ... les nôtres, et nous les aimons comme un membre de la famille...

Moi en tout cas!

Tania a dit…

"Gaston Compère (1924-2008) vient écrire dans la maison de pêcheurs de son beau-frère" : je me demande s'il fréquentait le peintre schaerbeekois Taf Wallet, qui habitait le même genre de maison à Saint-Idesbald.