samedi 30 janvier 2016

Nouveau film de Joachim Lafosse

Né en 1975, le cinéaste belge Joachim Lafosse a étudié à l'Institut des Arts de Diffusion à Louvain-la-Neuve. Son sixième film s'appelle "Les chevaliers blancs" avec l'acteur Vincent Lindon dans le rôle principal. Il traite de l'affaire de l'Arche de Zoé qui avait tenté en 2007 d'enlever une centaine d'enfants tchadiens supposés orphelins pour les remettre à des familles adoptantes françaises. En voici quelques images :    https://www.youtube.com/watch?v=feBsWAM5u-E


Joachim Lafosse a répondu aux questions des journaux du groupe Vers l'Avenir :


"Pourquoi vous inspirer de ce fait divers qui n'a pas durablement marqué l'opinion publique, en Belgique du moins?
- J'ai voulu que le spectateur vive le film comme les Africains qui ont vu débarquer cette ONG. Ils ne savaient rien. C'est un film d'aventure, un thriller psychologique, qui est aussi éminemment politique.


- Quel est votre avis sur cette affaire de l'arche de Zoé?
- Je pense qu'on n'a pas le droit de mentir aux gens, même si on croit que c'est dans leur intérêt. Si parce qu'un pays interdit l'adoption internationale, on décide de manipuler les gens de la région, c'est une erreur et çà mène au fiasco. Le personnage ne fait pas çà par enrichissement personnel. Il le fait pour sa gloire. Il sait que des familles adoptantes sont dans le désespoir et au nom de cette émotion, il ment. Il n'accepte pas les critiques de ses collègues. C'est là que les questions de morale au sein d'un groupe me passionnent le plus.


- Au fur et à mesure, Jacques devient manipulateur et amoral. A la base, il avait pourtant de bonnes intentions?
- L'enfer est pavé de bonnes intentions. Tant de gens veulent faire le bien... C'est pourquoi c'est plus intéressant d'interroger ces bonnes intentions plutôt que les mauvaises, auxquelles on ne donne jamais forme.


- Ca résonne avec l'actualité : l'emballement émotionnel face au manque d'engagement politique?
- Evidemment! La question des migrants existe depuis des années et soudain on s'est ému à la vue d'un garçon mort sur une plage. Fondamentalement, le centre d'accueil improvisé au centre de Bruxelles ne sert à rien, mais au nom de l'émotion, on se met à faire des choses folles. Aujourd'hui, il y a un désinvestissement dans le politique. Les gens n'ont plus de patience. Alors, les propos simplistes et séduisants débarquent. Choisir d'adopter un enfant ramené par Jacques, c'est comme voter Marine Le Pen. Tous deux proposent des solutions simplistes face à un problème complexe.


- D'où vous vient cette fascination pour la manipulation?
- Ce qui m'intéresse, c'est quand un personnage ramène tout à soi en oubliant qu'il y a des autres. C'est la fin de l'altérité. Cette obsession, avec ce film, atteint un point culminant, mais je suis en train de faire un autre film où j'ai trouvé encore plus fort!".


"Les chevaliers blancs", thriller psychologique de Joachim Lafosse (1h47) avec Vincent Lindon, Louise Bourgoin et Reda Kateb. Sortie le 27 janvier.



3 commentaires:

Youri a dit…

Très bons acteurs français dans ce film ...

Anonyme a dit…

Je me souviens bien de l'histoire car à l'époque je vivais aux USA et naturellement ils utilisaient ce filon pour démontrer la perversité fondamentale des européens. En voyant le teaser j'ai tout de suite compris qu'il s'agissait de ça... Les acteurs sont bons en effet, et c'est certainement une bonne chose de montrer comment on peut être perçus d'une part et aussi comment ... l'enfer est vraiment pavé de bonnes intentions!

carine-Laure Desguin a dit…

Lafosse est venu présenter son film à Charleroi mais j'ai loupé ça ...Un film intéressant que j'aimerais aller voir, Les innocentes, d'Anne Fontaine.